D’une « Première fois » à la « Romance », il n’y a qu’un pas. Jäde chemine avec ses auditeurs et présente un deuxième EP prêt à défier les températures de l’hiver. Désormais, les prises de décisions et les prises de tête se substituent à l’innocence et laissent place aux difficultés du dialogue amoureux. « J’ai un problème, j’préfère toujours les mêmes : jogging, TN, mauvaises dégaines » confie l’artiste en chanson. Aux côtés des rappeurs Bakari, Squidji et du marseillais JMK$, Jäde continue d’évoquer ses doutes et ses désillusions mais impose aussi ses propres règles, comme dans le suave morceau « Diddy ». Jeux d’adultes et réalisme teintent les histoires de cœur sans pourtant jamais en briser le charme et la chaleur.

Douce, mais minutieusement posée sur des prods trap, indie ou afro signées Selman, Skuna, Some-1ne, ou encore Kofi Bae, la voix de Jäde prend en volume et s’installe dans l’atmosphère. Planantes, presque chimériques, le R&B élégant et digital de Jäde se chuchote sur des mélodies entêtantes accompagnées de lyrics incisives. « J’crois que j’étais heureuse quand je cherchais pas à l’être » chante-t-elle dans [...]. Difficile de ne pas se reconnaître dans les textes à l’honnêteté ingénue de la chanteuse. Tantôt adolescente et fraîche, tantôt empowering et franche, son écriture a ceci de précieux qu’elle ne brise rien de notre rêverie même quand la vérité blesse. Et avec ses clins d’œil à Dr. Dre ou à Erykah Baduh, c’est bien quelque part entre les années 90 et aujourd’hui que l’artiste retire le masque, se met à nu et réinvente un romantisme sans fard qui n’a plus rien à cacher.

Cette fois-ci, les options sont sur la table — « c’est tout ou rien, c’est noir ou blanc » —, on aura été prévenus : défauts, trahisons et coups bas sont inscrits dans la partition, mais pas seulement. Avec assurance, Jäde donne le la : seule ou accompagnée, la température continuera de monter. C’est que le monde va mal, mais le soleil continue de brûler et Jäde, elle, d’envoûter et d’écrire son conte de fée, au risque d’en connaître déjà la fin...